
Conversation entre le Dr William Levin, Penn Medicine, et Denise Silber, VRforHealth
Le Dr Levin est professeur associé de clinique au Département de radio-oncologie du centre anticancéreux de l’Université de Pennsylvanie. Sa formation médicale post-universitaire a comporté un internat médical à Yale, une résidence en radio-oncologie à l’Université de Pennsylvanie et une bourse de recherche en protonthérapie au Massachusetts General Hospital. Son activité clinique est la prise en charge des cancers du poumon et des sarcomes des tissus mous. Le Dr Levin est directeur médical des opérations du Réseau Mondial. Ses objectifs de recherche comprennent l’investigation des modalités de l’oncologie intégrative et de la médecine corps-esprit. Il est engagé dans le développement d’applications sanitaires de la réalité virtuelle.
Denise Silber : Votre intérêt pour la réalité virtuelle thérapeutique a une double origine, votre approche holistique des patients et votre appréciation personnelle de la valeur de la méditation de pleine conscience. Pouvez-vous nous en dire plus?
Dr William Levin : En tant que radio-oncologue, il m’est difficile de ne pas remarquer que le parcours du patient l’expose au stress et à l’anxiété. Nous ne traitons pas seulement la biologie du patient. Nous traitons la personne dans son ensemble, et c’est cette personne dans son ensemble qui m’intéresse. En fait, si je n’étais pas devenu oncologue, j’aurais choisi la psychiatrie.
Finalement, lorsque nous, professionnels de santé, sommes exposés au stress et à l’anxiété de notre environnement clinique et de nos patients, nous souffrons également. Qui n’a pas entendu parler du burn-out professionnel ? Pour mon propre bien-être et le bien-être de mes patients, j’ai commencé à faire moi-même de la méditation de pleine conscience et j’ai continué en en enseignant la pratique aux patients. J’ai vu et ils ont vu la valeur thérapeutique d’une bonne respiration, et j’ai été très heureux de pouvoir les aider. Cependant, il y a eu un groupe de personnes qui n’y parvenaient pas. Leur cerveau était si stressé que la courbe d’apprentissage était trop élevée.
Vous étiez donc un médecin à la recherche d’une solution…?
Oui et, il y a trois ans, j’en ai trouvé une. Je suis un photographe passionné et un technicien, et j’ai reçu une invitation à une journée portes ouvertes sur la Réalité Virtuelle à l’autre bout de Philadelphie. Il neigeait. C’était l’heure de pointe. Le trajet a pris une éternité et je n’ai pas trouvé de place pour me garer. J’étais en retard. Je suis entré le cœur battant, la poitrine palpitante, la tête en feu.
Un membre de l’équipe m’a tendu un casque Oculus. L’instant d’après, j’étais vigie dans le nid de pie venteux d’un vieux grand voilier naviguant sur une mer agitée. Et soudain, il y eut un calme. Les nuages se séparèrent. L’eau devint d’un bleu cristallin et j’aperçus les palmiers sur une plage lointaine. La personne qui m’avait donné le casque m’a dit de regarder par-dessus mon épaule droite, et là j’ai pu voir le soleil et sentir sa chaleur sur ma joue droite. J’ai enlevé le casque pour chercher la source de chaleur et j’ai réalisé que c’est mon cerveau qui avait généré cette chaleur. Quelques minutes seulement s’étaient écoulées. Je n’avais jamais rien vécu de tel dans une méditation consciente, et j’ai pensé qu’il fallait offrir cela aux patients.
Mais, aux États-Unis, pour les patients atteints de cancer, il y avait très peu d’informations sur la méditation en réalité virtuelle ?
C’est vrai. Environ six mois plus tard, nous avons passé un contrat avec cette agence de réalité virtuelle pour créer une expérience de pleine conscience d’une durée de huit minutes. Dans ce scénario, le point de vue de l’observateur est un quai, d’où il regarde rouler des vagues douces, au lever du soleil. Un narrateur fournit une pratique de pleine conscience. Nous avons installé dans la salle d’attente un volumineux micro-casque, et les commentaires des patients et des familles ont été excellents. Nous avions suffisamment de preuves à apporter à notre chairman pour lancer un programme pilote.
Votre département est très innovant et ouvert.
Oui, notre chairman, Jim Metz, est expert en entrepreneuriat et en technologie. Sous sa direction, nous aimons repousser les limites et les autres services apprécient notre travail. Nous avons d’abord tous essayé le casque de RV nous-mêmes. Comment pouvez-vous adopter une technique et la proposer si vous n’en avez pas une expérience de première main ?
Puis nous avons évalué l’apprentissage avec les patients. Plus de 85 % ont eu une expérience positive. Un très petit pourcentage ont développé un cyber-malaise : ils se sentaient étourdis et avaient des problèmes vestibulaires. Ce fut cependant un grand succès. 85 % est un score énorme. Mais nous savons qu’un traitement uniforme ne convient pas à tous, que ce soit en médecine conventionnelle ou en expérience immersive. Nous devrons donc proposer un choix de scénarios.
Nous cherchons maintenant à amener le casque dans la salle de protonthérapie. Il n’y a que 40 centres de protonthérapie dans le monde. Ce sont d’énormes salles voûtées avec d’énormes machines et des secousses sonores. Et, si cela ne suffisait pas, beaucoup de patients sont des enfants. Malheureusement, le métal du casque de RV crée une interaction avec les appareils. Nous travaillons donc avec l’équipe de physique pour trouver un moyen de contourner cela.
Pour conclure, vous pensez que l’heure de la RV est arrivée ?
Oui, avec la pandémie, de plus en plus de monde a besoin de solutions contre le stress et l’anxiété. Le livre du Dr Spiegel que vous avez analysé a paru au bon moment. Le mouvement grandit.
Et nous, à VRforHealth, essayons d’y contribuer !
Certes, et nous apprécions beaucoup le contenu de votre site.
Merci Dr Levin pour tout ce que vous faites ainsi que votre équipe !